Ogier d’Argouges, les lions diffamés, de Pierre Naudin

Avec le cycle Ogier d’Argouges, Pierre Naudin invite le lecteur à découvrir l’époque troublée de la guerre de cent ans.

Sept tomes pour des décennies d’Histoire

La guerre de cent ans n’est pas une seule et même longue guerre d’un siècle. En 117 ans, elle a connu de nombreuses batailles successives, de longues périodes de trêves, et a failli connaître à plusieurs reprises un dénouement prématuré, au profit des Français comme des Anglais.

Le cycle Ogier d’Argouges débute à la bataille de l’Ecluse, où la flotte française, le 23 juin 1340, est détruite par la puissante marine anglaise. Pierre Naudin nous livre toute la complexité de cette guerre, qui n’est pas encore une lutte entre deux nations, mais pratiquement une guerre civile. Les dynasties des Valois et des Plantagenêt sont intimement liées par des mariages successifs, et aucune des deux semble n’avoir la légitimité absolue. Ainsi, des nobles français adoptent le parti d’Edouard III, qui est le petit-fils de Philippe le Bel, quand d’autres se rangent sous la bannière de Philippe VI le Valois.

Mais revenons à la bataille de l’Ecluse. Ogier d’Argouges, alors adolescent, est blessé et fait prisonnier par les Anglais en compagnie de son père. Ce dernier, à leur libération, est accusé de trahison envers Philippe VI, et est diffamé sans preuves. Ogier d’Argouges, venant d’une famille désavouée, ne peut être sacré chevalier que dans la clandestinité, en masquant son nom. Pour gagner un nom, il guerroie en permanence, lors de tournois, où gloire et richesse sont à portée de lance, mais aussi lors de batailles, d’escarmouches sanglantes, de sièges de cités se concluant trop souvent par des pillages ignobles.

Un regard lucide sur une époque troublée

Pierre Naudin, à travers la vie de ce jeune chevalier imaginaire, sera de toutes les batailles. Le lecteur est placé au coeur de l’action, mais bénéficie d’une distance nécessaire pour comprendre les mécanismes complexes qui lient et opposent les deux camps. Par exemple, la bataille de Crécy bénéficie ici d’un éclairage intéressant, qui permet de mieux comprendre comment une armée, bien supérieure sur le parchemin, est mise en déroute et finalement anéantie.

Le cycle d’Argouges fait aussi intervenir des personnages connus, présentés avec leurs qualités et leurs faiblesses. Ainsi, le jeune chevalier croise la route de Bertrand du Guesclin, nobliau breton qui devient le héros du royaume de France, et accède même à la fonction de connétable du roi Charles V.

Les sept tomes du cycle Ogier d’Argouges

Le premier cycle de Pierre Naudin, consacré à Ogier d’Argouges, compte sept tomes.

Les lions diffamés (1978)
Le granit et le feu (1978)
Les fleurs d’acier (1983)
La fête écarlate (1990)
Les noces de fer (1990)
Le jour des reines (1990)
L’épervier de feu (1991)