Jean Teulé

Au début du XIXe siècle, une tueuse en série prolifique a sévi en Bretagne. C’est à ce récit que l’auteur de romans historiques Jean Teulé s’attaque dans Fleur de Tonnerre.
Résumé et histoire : Fleur de Tonnerre
Au début du XIXe siècle, la Bretagne était encore une terre de forte piété, où la foi chrétienne se fondait dans des croyances et des superstitions d’un autre temps. Les forêts et les landes abritaient des dieux anciens et des créatures terrifiantes, qui donnaient à des légendes fantasques. Les soirs d’hiver, les anciens partageaient ces récits aux plus jeunes, qui frissonnaient prêt de l’âtre. De tous ces êtres oubliés, l’Ankou est probablement le plus terrifiant : cet ouvrier de la mort, l’équivalent breton de la Grande Faucheuse, faisait trembler petits et grands
Hélène Jégado, une enfant crédule et influençable, à l’esprit tourmentée, se nourrissait de ces histoires. Elle se persuada qu’elle était l’incarnation sur terre de l’Ankou, et qu’elle devait tuer sans pitié toutes celles et tous ceux qui se mettraient en travers de sa route. Elle commença par assassiner sa mère, celle-là qui lui donne le surnom de « Fleur de tonnerre », afin de tuer toutes celles et tous ceux qui l’accueillaient. Elle entrait dans les maisons, dans les couvents, dans les presbytères, dans les bordels, et semait la mort derrière elle. Mais qui aurait pu soupçonner une personne qui semblait si gentille, si altruiste et si compatissante ? Cette douce Hélène poursuivie par la malchance ?
Mais la chance tourne, surtout lorsqu’on s’attaque à un ancien juge, spécialisé dans les affaires criminelles.
Titre : Fleur de Tonnerre
Auteur : Jean Teulé
Editeur : Pocket
Date de sortie : 6 mars 2014
Nombre de pages : 264
ISBN-10 : 2266244469
ISBN-13 : 978-2266244466

Avis de lecteur : pourquoi lire ce roman ?
Je connaissais déjà bien Jean Teulé, dont j’avais lu plusieurs ouvrages, et je retrouve dans ce roman ce qui a fait le succès du Magasin des Suicides ou de Mangez-le si vous voulez.
Avec Fleur de tonnerre, Jean Teulé s’empare à nouveau d’un personnage historique hors norme et en brosse un portrait à la fois saisissant et d’une certaine irrévérence. L’auteur s’intéresse cette fois à Hélène Jégado, une empoisonneuse bretonne du XIXe siècle, dont le parcours criminel inégalé n’est pourtant pas tant connu que cela (et pourtant, je m’intéresse au True Crime). Le côté dramatique est habillé d’une aura presque comique. Ce pari est risqué, mais il est pour le coup maîtrisé.
Vous vous en rendrez rapidement compte, cette biographie est très romancée pour prendre un ton jubilatoire. Oubliez la mièvrerie, et laissez-vous happer par le portrait d’une femme simple, quasi dénuée de conscience morale, mais entièrement habitée par une croyance délirante : incarner l’Ankou, figure bretonne de la mort. Le folklore celtique est toujours présent en filigrane, et cet ancrage en Bretagne n’est pas pour me déplaire.
La grande force du roman réside dans sa tonalité et dans ce style propre à Jean Teulé : la plume est noire, acerbe, mais demeure souvent irrésistiblement drôle. Les crimes d’Hélène s’enchaînent dans une routine glaçante, qui confine à absurde, mais cette litanie de meurtres est décrite avec un tel panache que vous alternerez entre rire et effroi. L’humour noir de Teulé fait mouche, et vous verrez dans ce roman historique un conte cruel et jubilatoire.
Pourtant, tout n’est pas parfait. Le récit se répète (elle a tant tué, la pauvrette), que l’attention du lecteur tend à s’essouffler. Le schéma narratif devient prévisible : nouvelle maison, nouveaux plats… nouveaux cadavres. Cette vérité devient presque ennuyante, pourquoi n’a-t-elle pas plus varié son mode opératoire ? De même, certains ajouts fictifs, notamment deux personnages normands suivant l’empoisonneuse comme dans une farce, sont superflus et nuisent au réalisme historique.
Si vous aimez Jean Teulé, foncez découvrir ce livre. Si vous ne le connaissez pas, allez-y si l’humour noir ne vous rebute pas !