La Reine des cipayes, de Catherine Clément, éclaire une partie méconnue de l’Histoire de l’Inde et de la colonisation

L’histoire de la Reine des cipayes

Les Anglais, ses ennemis, lui trouvèrent les pires noms, inspirés autant par la Bible que par l’Histoire. Jézabel, qui détourna le roi de Yahvé vers Baal, ou encore Jeanne d’Arc, qui bouta les Godons hors du royaume de France. Mais, à ses oreilles, de telles injures sonnaient comme une reconnaissance.

Au XIXème siècle, l’Empire britannique domine une grande partie des terres émergés. On dit de lui qu’il est l’empire où le soleil ne se couche jamais. Et parmi ces vastes possessions, l’envoûtante et immense Inde, civilisation prestigieuse qui a périclité et qui est tombé sous le joug occidental. Pour surveiller ce territoire vaste comme un continent, les Anglais avaient mis en place la Compagnie des Indes orientales, qui comptait 250 000 soldats issus des populations autochtones.

Mais les humiliations et les brimades imposées par les officiers, véritables potentats locaux, ont semé les germes de la révolte. Parmi ceux qui prirent les armes, une femme, veuve à seulement trente ans. Reine de Jhansi, combattante émérite, elle bouscula les troupes anglaises et tint tête à la plus formidable machine de guerre de son temps. Lakshmî Bâî a été la véritable égérie de cette révolution qui n’aboutit pas. Elle fut lâchement assassinée, une belle dans le dos, tandis qu’elle était vêtue comme un homme, parée de colliers de perle, les rênes entre les dents et une épée brandie dans chaque main.

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Pourquoi faut-il le lire ?

Les cipayes correspondaient, dans l’armée coloniale, aux troufions de l’armée française. Plusieurs raisons, historiquement, expliquent leur révolte. Ainsi, des rumeurs persistantes racontaient que leurs cartouches étaient enduites de graisse de porc, pour être lubrifiées, ce qui est contraire aux religions indiennes d’alors, l’hindouisme et l’islam. D’autres causes sont aussi évoquées, comme l’interférence de la Compagnie des Indes dans les règles coutumières, et l’influence des anciennes traditions locales dans le fonctionnement au quotidien de l’armée.

La Reine des cipayes, écrit par Catherine Clément, s’intéresse à un personnage inconnu du grand public en France : pourtant, Lakshmî Bâî appartient à Inde à ces grandes figures tutélaires et fondatrices de la patrie… Comme Jeanne d’Arc en France, à qui elle était comparée par raillerie. Doté d’une réelle dimension épique et à la fois écrit à hauteur d’homme (ou plutôt de femme), La Reine des cipayes est un livre à découvrir absolument.